Conférence animée par Christian Bouquet, professeur émérite de géographie politique à l'université de Bordeaux-Montaigne et chercheur au laboratoire LAM-Sciences Po Bordeaux.
Dans le Livre des Merveilles, Marco Polo raconte son voyage sur la « Route de la Soie » qui dura 24 années entre 1271 et 1295. Mais cette route mythique, tracée il y a plus de 2000 ans, était alors à son déclin parce que la voie maritime des Grandes Découvertes allait supplanter les voies terrestres.
Au 21ème siècle, la Chine réactive la légende mais en lui donnant une coloration totalement matérialiste. Les « nouvelles Routes de la Soie » constituent le projet le plus abouti de mise en application des principes de l’économie de marché – c’est-à-dire du capitalisme – par un pays qui se réclame toujours du communisme et ne cache pas son ambition de dominer l’économie mondiale. En contrôlant les voies de communication, notamment maritimes et ferroviaires et surtout les nœuds où celles-ci se croisent (ports, gares, le « collier de perles »), la Chine peut aller chercher les matières premières dont elle a besoin partout où elles sont produites et diffuser en retour ses produits finis dans une démarche néocoloniale et impérialiste qu’elle assume parfaitement. Dans cette perspective, le continent africain constitue un objectif privilégié et il n’est pas surprenant que la Chine y soit très active...